Principe

La radiofréquence consiste à chauffer les artères hémorroïdaires pour les scléroser, à l’aide d’une sonde métallique (Photo 1) introduite sous la muqueuse du bas rectum, dont l’extrémité est munie d’électrodes de microfibres qui émettent un courant d’ondes de radiofréquence, à basse température (sorte de micro-ondes). Elle traite les hémorroïdes internes uniquement, qui sortent ou qui saignent. Il ne s’agit donc pas d’une résection des hémorroïdes.
Photo 1 : sonde de radiofréquence

Indication

  • Le traitement par radiofréquence est un traitement chirurgical mini invasif s’adressant aux hémorroïdes internes procidentes (grade 2 et 3) et hémorragiques.
  • Il constitue une alternative intéressante à une hémorroïdectomie complète, plus radicale mais plus douloureuse.

Le matériel

  • Générateur de radiofréquence Fcare® + pédale
  • Sonde de radiofréquence (cf photo 1)
  • Écarteur hémi valve type Hill Ferguson, adapté au calibre de l’anus
  • Seringue de 5 ml
  • Aiguille verte
  • Sérum physiologique et/ou xylocaïne
  • Eau froide

 

En pratique

  • Sous anesthésie générale, en ambulatoire, sans préparation (micro lavement éventuellement)
  • Position gynécologique
  • Bloc pudendal par infiltration de naropéïne 7,5%, 20 cc
  • Exposition par l’écarteur, repérage des paquets hémorroïdaires à traiter (figure 1)

Figure 1

Pour chaque paquet à traiter :

  • Infiltration de l’espace sous muqueux du territoire hémorroïdaire à traiter en introduisant l’aiguille au niveau de la ligne pectinée, puis injection sous muqueuse de sérum physiologique en petite quantité (1 ou 2 cc maximum) pour inonder l’hémorroïde et décoller le plan muqueux du plan musculaire sous-jacent et favoriser la diffusion des ondes de radiofréquence (figure 2)

Figure 2

  • Introduction de la sonde de radiofréquence également au niveau de la ligne pectinée, en remontant verticalement dans l’espace sous muqueux sur environ 3 cm au-delà du marquage blanc en bout de sonde (figure 3)


Figure 3

  • Délivrance du courant de radiofréquence par appui sur la pédale du générateur, avec retrait très progressif de la sonde jusqu’au repère blanc
  • La vitesse de retrait est d’environ 2 à 3 mm toutes les 3 secondes.
  • Il arrive que la sonde accroche un peu à l’extraction, tirer un coup sec en faisant contre appui manuel sur l’hémorroïde
  • Tamponnement de façon à, à peine blanchir la surface de la muqueuse avec l’extrémité chaude de la sonde (figure 4)


Figure 4

  • Immédiatement refroidir la muqueuse chauffée à la compresse mouillée (figure 5)


Figure 5

  • La procédure est répétée pour chaque paquet à traiter (jusqu’à 4 ou 5 le plus souvent)
  • On peut contrôler l’efficacité de la coagulation en recherchant à la palpation de la paroi du bas rectum le cordon fibreux qui s’est formé sur le trajet de la sonde (figure 6)


Figure 6

  • Il est recommandé de ne pas délivrer plus de 3000 Joules pour l’ensemble des paquets.
  • Si la sonde se carbonise au bout elle peut être grattée
  • La procédure dure environ 10 minutes au total

Quelles sont les suites ?

Les suites sont le plus souvent peu douloureuses, des antalgiques simples type paracétamol ou AINS suffisent, pendant quelques jours. L’arrêt de travail n’excède pas une semaine et n’est même pas obligatoire. En l’absence de plaie, il n’y a pas nécessité de soins locaux. Les laxatifs peuvent être utiles à une reprise facile du transit, mais ils sont souvent interrompus rapidement.

Les résultats sue la procidence et les saignements sont visibles rapidement, mais l’efficacité peut être retardée, avec un résultat consolidé 1 à 2 mois après le geste. La radiofréquence sur les hémorroïdes n’empêche pas une éventuelle chirurgie de la maladie hémorroïdaire si elle devait s’avérer nécessaire plus tard. Il n’existe pas de donnée sur le taux de récidive de la maladie.

Les complications ?

Comme après toute chirurgie hémorroïdaire, des complications sont possibles, mais elles restent occasionnelles après cette technique. Outre les complications inhérentes à l’anesthésie, peuvent survenir :

  • Des saignements, le plus souvent peu importants, mais une hémorragie peut survenir dans les 3 semaines qui suivent l’opération, vous obligeant à être réhospitalisé(e) pour que l’on fasse un point sous anesthésie générale, c’est pourquoi il est vous est conseillé de rester à proximité d’une structure de soins pendant cette période. Le risque hémorragique est faible cependant ;
  • Un blocage pour uriner pendant quelques jours ;
  • De la fièvre ;
  • Les douleurs sont le plus souvent modérées et de courte durée, et bien soulagées par des médicaments classiques type paracétamol ou anti inflammatoires.

Aucune étude ne permet aujourd’hui de savoir quelle est la fréquence exacte de survenue de ces différentes complications.

À faire / Ne pas faire

Ne pas injecter trop de sérum physiologique sous la muqueuse au risque d’obstruer la lumière et de gêner le bon déroulement de la procédure.

Bien soulever la sonde pendant la délivrance du courant pour ne pas être trop au contact de la paroi musculaire.

Retirer la sonde vraiment pas à pas.

Un geste de résection des marisques peut être associé ; il est aussi possible d’associer lors d’une même intervention, radiofréquence sur 1 ou 2 paquets et résection pédiculaire selon Milligan et Morgan pour les autres.

Dr Charlotte Favreau-Weltzer (Talence). Juin 2018.
Iconographie Dr Charlotte Favreau-Weltzer.