Lésions ano périnéales

J’ai un abcès anal, on m’a parlé d’un séton. Qu’est-ce que c’est ? Est-ce douloureux ?

Un séton est un petit fil de drainage, souvent élastique placé dans le trajet de la fistule, c’est à dire qu’il passe par l’orifice externe de la fistule (situé autour de l’anus ou parfois au niveau vaginal) et ressort par l’orifice anal. La mise en place de ce séton est destinée à permettre à la rétention purulente de s’évacuer ce qui soulage les douleurs de l’abcès. Un séton n’est pas en lui même douloureux, son but est au contraire de soulager les douleurs.

Quelles précautions prendre lorsque l’on a un ou plusieurs sétons ?

Une fois une éventuelle plaie opératoire externe cicatrisée, le séton ne nécessite en soi aucun soin local. Le port d’une petite protection, type protège slip ou d’une compresse est parfois nécessaire pour absorber d’éventuels écoulements et protéger les sous-vêtements. La prise de douches ou de bains est possible. Les relations sexuelles ne sont pas contre indiquées dès lors qu’elles restent confortables et non douloureuses.

J’ai des lésions ano-périnéales (LAP) de maladie de Crohn et je suis enceinte. Faudra-t-il une césarienne ?

Même en l’absence de maladie de Crohn, l’accouchement par voie vaginale peut induire des déchirures des sphincters anaux et léser les nerfs du périnée commandant le fonctionnement de ces sphincters. En cas de LAP sévères actives, a fortiori s’il existe déjà une incontinence anale ou des antécédents de chirurgie anale délabrantes un accouchement par césarienne peut être discuté. En l’absence d’antécédent de LAP les indications de césarienne ne diffèrent pas de celles d’une population de femmes sans maladie de Crohn.

Grossesse

Quels risques représente l’accouchement chez les patientes présentant une maladie de Crohn ano-périnéale ?

Dans la maladie de Crohn associée à des lésions ano-périnéales, l’accouchement par voie vaginale et l’épisiotomie comportent un risque potentiel de dégradation de la continence et de ces lésions ano-périnéales sur un périnée déjà fragilisé.

Des études ont montré que les manifestations ano-périnéales inactives avant la grossesse le demeurent au décours d’un accouchement par voie vaginale. De même, l’épisiotomie ne semble pas aggraver les lésions ano-périnéales anciennes et non actives pendant la grossesse ou augmenter le risque en l’absence de lésions préexistantes.

En conclusion, après une grossesse normale, dans la majorité des cas, l’accouchement peut être réalisé par voie basse. En présence de lésions ano-périnéales importantes actives, il faut discuter de l’intérêt de la réalisation d’une césarienne.

Tabac

Quelle est la cause de la maladie de Crohn ?

La maladie de Crohn est une pathologie d’origine inconnue qui fait intervenir de nombreux facteurs, alimentaires, infectieux, psychologiques ou immunologiques sur un terrain génétique prédisposant selon une chronologie indéterminée.

Nous allons reprendre ces différents facteurs avec les données actuellement connues.

  • Les facteurs alimentaires ont été les premiers soupçonnés, mais avec des résultats contradictoires. Actuellement, il n’y a pas d’argument scientifique pour rendre responsable tel ou tel aliment.
  • Le rôle négatif du tabac a été bien démontré.
  • Les facteurs infectieux sont étudiés depuis longtemps. De multiples bactéries ont été incriminées, mais une grande prudence s’impose avant d’incriminer tel ou tel germe.
  • Les facteurs immunologiques sont perturbés dans la maladie de Crohn. Ces perturbations peuvent atteindre les systèmes de défense de l’organisme à différents niveaux qui peuvent favoriser ou au contraire s’opposer à l’inflammation. La présence d’un conflit immunologique est accréditée par la nature des lésions histologiques, le lien avec certaines manifestations extra-digestives et l’efficacité de traitement agissant sur l’immunité.
  • Les facteurs génétiques sont l’objet des recherches les plus récentes. Le rôle du patrimoine génétique est soulevé par l’existence de cas familiaux et l’identification de sites génétiques de susceptibilité (sur les chromosomes 12 et 16). Cependant, la détermination d’une population à risque de maladie de Crohn reste encore impossible.
  • Les facteurs psychologiques étaient autrefois au premier plan faisant passer la maladie de Crohn pour une maladie « psychosomatique ». Actuellement, on considère que la maladie peut avoir un retentissement psychologique bien compréhensible et que certains stress peuvent favoriser une poussée mais sans retenir le terme de maladie psychosomatique.

En résumé, l’origine de la maladie de Crohn reste inconnue. Il s’agit d’une pathologie plurifactorielle dans laquelle interviennent de nombreux facteurs selon une chronologie à établir.

Quelles sont les complications de la maladie de Crohn ?

La maladie de Crohn peut se compliquer de différentes façons sur le plan digestif.

Tout d’abord la gravité des poussées peut être considérée comme une complication dans les formes très intenses du fait de la répercussion générale de la diarrhée, des saignements, de la fièvre, de l’amaigrissement, une dénutrition…

D’autres complications vraies peuvent survenir en particulier, les abcès et les fistules intra-abdominaux ou ano-périnéaux qui sont des complications particulières à la maladie de Crohn. Les ulcérations de la muqueuse peuvent atteindre toute la paroi intestinale provoquant une perforation et la formation de poches, avec des matières et des germes, qui s’infectent constituant un abcès. Cet abcès responsable de douleurs et de fièvre peut s’ouvrir soit vers la peau formant une fistule cutanée externe soit vers des organes creux du voisinage (intestin grêle, colon, vessie, vagin…).

L’évolution de la cicatrisation des poussées inflammatoires, en particulier au niveau du grêle, peut donner un rétrécissement provoquant une occlusion.

Les autres complications sont rares, hémorragie digestive, dilatation aiguë du colon.

Enfin, le risque de cancer du colon ou du grêle reste très rare bien que plus fréquent, après une longue évolution de la maladie, que dans la population générale.

Ces complications posent plusieurs problèmes. Parfois révélatrices de la maladie, elles peuvent rendre le diagnostic difficile. Le traitement médical demande une action maximale avec hospitalisation, mise au repos du tube digestif et utilisation d’une thérapeutique bien adaptée aux manifestations cliniques et à leur retentissement général.

La chirurgie, solution de derniers recours, est surtout utile pour les complications intestinales (abcès, fistules et sténoses), après échec du traitement médical, en réalisant une résection à minima mais suffisante pour suturer des tissus sains.

Alix PORTAL (Paris), janvier 2019