tetiere-procto-alerte
Septembre 2017
L'article du mois à connaître :

Autologous Mesenchymal Stem Cells, Applied in a Bioabsorbable Matrix, for Treatment of Perianal Fistulas in Patients With Crohn's Disease.

Gastroenterology. 2017 Jul;153(1):59-62.
Appréciation
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Mots clefs :
Fistule, Crohn, Cellules souches, Plug

Un peu d’espoir ?


Introduction : Les lésions anopérinéales de la maladie de Crohn sont fréquentes et impactent fortement la qualité de vie de ces patients. La prise en charge thérapeutique combine les biothérapies et les chirurgies anales souvent itératives qui peuvent mettre en péril la continence déjà fragile de ces patients. Les nouvelles thérapeutiques de comblement « biologique » avec les cellules souches mésenchymateuses sont prometteuses (Panes J, et al. Lancet. 2016;388:1281-90). La matrice pour mettre en place ces cellules souches reste à déterminer. Le but de cet essai clinique de phase 1 était d’évaluer la sécurité et la faisabilité d’utilisation d’un dispositif appelé « STOMP » pour « Stem Cells on Matrix plug » dans les fistules anale de Crohn.

Méthodes : Le dispositif utilisé était un plug (Gore-bio-A fistula Plug) « chargé » en cellules souches mésenchymateuses autologues (20 X 106 cellules par plug). Les patients âgés de plus de 18 ans ayant une fistule anale en lien avec une maladie de Crohn depuis au moins 3 mois, en échec des traitements y compris les biothérapies pouvaient être inclus. Une IRM préopératoire était réalisée. Lors du prélèvement de cellules graisseuses (paroi abdominale, 4 grammes) réalisé sous anesthésie générale, un examen proctologique précis était réalisé avec drainage d’un trajet fistuleux si besoin. Six semaines après, après retrait du drain, curetage du trajet fistuleux, le plug chargé en cellules souches ou « STOMP » était placé. L’orifice interne était fermé. Les chirurgies ont été réalisées par un seul opérateur. Les patients étaient ensuite revus à 2 semaines, 1, 2, 3 et mois et avaient une IRM à 2 semaines, 2 et 6 mois. Le critère de jugement principal était l’évaluation de la sécurité de la méthode : aggravation de la maladie de Crohn, pathologies intercurrentes, apparitions d’anomalies biologiques et anomalies cliniques significatives (poids, drainage insuffisant). Le critère de jugement secondaire était l’évaluation de l’efficacité de la méthode à 6 mois : fermeture de la fistule à l’examen clinique et en IRM.

Résultats : Douze patients ont été inclus et traités. Un seul évènement indésirable a été décrit et rapporté à la maladie de Crohn et non au traitement. A 6 mois, 10/12 patients (83%) ont eu une cicatrisation complète clinique et en IRM. Chez les 2 patients en échec, un a développé un abcès ayant nécessité un drainage. On note également la prise d’antibiotiques sur une durée inférieure à 30 jours chez 4 patients.

Mise en perspective : Les techniques d’épargne sphinctériennes comprenant le plug, la colle et le lambeau d’avancement ont des taux de réussite variables selon la technique, la population d’étude et les modalités d’évaluation. La précédente « procto-alerte » nous a incité à abandonner le plug et a remis en question la bonne réputation du lambeau d’avancement dont le taux de récidive était de 40% dans l’étude citée (Bondi J, et al. Br J Surg. 2017;104:1160-6).
Les cellules souches mésenchymateuses sont donc une source d’espoir car le taux de rémission à 24 mois obtenu était de l’ordre de 50% dans l’étude de Panes, et al. L’utilisation d’une matrice de type plug chargée en cellules souches semble, sur cet essai de phase 1 avec une évaluation à 6 mois, très prometteuse puisque le taux de cicatrisation décrit est de 83%.…



Charlène Brochard, Rennes
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