tetiere-procto-alerte
Mai 2018
L'article du mois à connaître :

Short- and long-term clinical and patient-reported
outcomes following laparoscopic ventral mesh rectopexy
using biological mesh for pelvic organ prolapse:
a prospective cohort study of 224 consecutive patients

McLean R, Kipling M, Musgrave E,
Mercer-Jones M.
Accéder à l'article
Colorectal Dis.
2018 May;20(5):424-436.
DOI: 10.1111/codi.13996.
Appréciation
appreciation-4
Mots clefs :
Bioprothèse, Rectopexie, Long-terme

Vers la disparition des prothèses synthétiques
dans les rectopexies ?


Après avoir gagné nos assiettes et nos véhicules, la recherche du « tout biologique » a gagné la rectopexie depuis les dernières années.
L’intérêt espéré des prothèses biologiques utilisées dans ce contexte est de limiter la morbidité grave sur le moyen/long terme, et notamment d’érosion de la cloison recto-vaginale qui entraîne une protrusion de la prothèse dans un de ces organes creux, ou qui entraîne une fistule recto-vaginale secondaire.
Cette complication arrive dans environ 1% des cas lors de l’utilisation de prothèses synthétiques et a des conséquences graves, nécessitant généralement une reconstruction pelvienne chirurgicale avec extraction de la prothèse et protection par une entérostomie.

Si l’intention du « tout biologique » est louable, et les espoirs probablement réalistes, il n’en demeure pas moins qu’une évaluation du taux de récidive sur le long terme est nécessaire, puisqu’il est facilement imaginable que la résorption ou la « désintégration » de la prothèse sur le long terme pourrait augmenter le risque de récidive, augmentant de fait le risque de reprise chirurgicale par voie haute ou par voie basse, et donc le risque de fistule recto-vaginale en lien avec des interventions répétées.
Similairement à ce sujet, on retrouve dans la littérature des rapports datant des années 1990 évaluant l’intérêt des prothèses résorbables dans ce type d’indication.
L’engouement s’est, toutefois, rapidement essoufflé devant l’augmentation des récidives sur le long terme.

La situation actuelle est toutefois différente, puisqu’il ne s’agit plus véritablement de prothèses résorbables mais de biomatériaux qui se « transforment » et s’intègrent.
La littérature future devrait nous aider à confirmer, ou infirmer, nos craintes.

McLean et al. tentent d’apporter ici la première pierre à l’édifice visant à « monter » l’édifice scellant dans le marbre l’indication des prothèses biologiques.
Ils rapportent ainsi leur expérience sur 224 patients ayant eu une rectopexie « biologique » par voie coelioscopique ou robotique et en analysent les suites à court, moyen et long terme.
De manière intéressante, les patient(e)s présentaient une morbidité équivalente à celle des prothèses synthétiques (5% de complications à court terme et 6% à long terme).
Parallèlement, ils rapportent un cas d’érosion de la bioprothèse (0,4%) dans un cas de rectopexie pour récidive d’une rectocèle après réparation par voie transpérinéale.
La reprise n’a pas nécessité de protection par entérostomie.
Ce taux est similaire à ce qui est rapporté avec les autres types de prothèses.
Enfin, du point de vue fonctionnel, il est rapporté environ 10% de récidives à 5 ans avec les prothèses biologiques alors que ce taux est inférieur de moitié avec les prothèses synthétiques.

Alors, si aujourd’hui le « tout biologique » tient ses promesses en ce qui concerne la morbidité à court et long terme, les premiers éléments ont tendance à décevoir les espoirs d’efficacité fonctionnelle sur le long terme.
Ces éléments émanent toutefois d’études de cohortes et constituent des pierres argileuses à la base de l’édifice.
Dans l’attente de meilleures pierres, et peut être de prothèses optimisées, l’utilisation des bioprothèses doit, à mon avis, être utilisé avec précaution, pour des sujets sélectionnés.

L’avenir nous dira si le futur sera « vert »…

À suivre…




Aurélien Venara, Angers
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