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Septembre 2018
L'article du mois à connaître :

Late assessment of quality of life in patients with rectal carcinoma: comparison between sphincter preservation and definitive colostomy.

Silva MMRL, Junior SA, de Aguiar Pastore J, Santos ÉMM, de Oliveira Ferreira F, Spencer RMSB, Calsavara VF, Nakagawa WT, Lopes A.
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Int J Colorectal Dis. 2018 Aug;33(8):1039-1045.
Appréciation
appreciation 3/5
Mots clefs :
Cancer du rectum, Colostomie, Qualité de vie

Oui, la colostomie améliore la qualité de vie des patients opérés d’un cancer du rectum !


L’incidence des cancers du rectum est de l’ordre de 15 000 nouveaux cas par an en France. Tous stades confondus, le taux de survie actuel est d’environ 55%. Si l’objectif thérapeutique principal est de traiter la maladie, la préservation sphinctérienne, afin de limiter les conséquences fonctionnelles, est également une préoccupation constante.

Les traitements néo-adjuvants ont permis de réduire le risque de récidive locale et d’augmenter les possibilités de préservation sphinctérienne. Néanmoins, chez les patients traités de manière curative pour cancer du bas ou du moyen rectum, la colostomie est parfois inévitable. Alors qu’en pratique, l’utilisation quotidienne d’une colostomie bien appareillée peut être bien plus acceptable que le port de protections pour incontinence anale réfractaire, la colostomie véhicule une image péjorative, voire taboue, non seulement chez les patients mais également chez les soignants. Cependant, si l’on s’en réfère à la pratique clinique et aux données de la littérature, la qualité de vie des patients porteurs d’une colostomie ne semble pas si différente de celle des patients ayant pu bénéficier d’une préservation sphinctérienne.

L’objectif de cette étude brésilienne mono-centrique observationnelle a été de comparer la qualité de vie des patients traités par résection antérieure du rectum avec préservation sphinctérienne vs ceux traités par amputation abdomino-périnéale et colostomie définitive. Cent vingt-cinq patients (83 dans le groupe préservation sphinctérienne, 42 dans le groupe colostomie) ont pu être inclus avec une durée moyenne de suivi de 3,84 ans. L’évaluation de la qualité de vie a été réalisée à l’aide de questionnaires européens validés spécifiques du cancer (European Organization for Research and Treatment of Cancer questionnaires) : QLQ-C30 et QLQ-CR29. Le premier est un questionnaire général de 30 questions évaluant la qualité de vie dans ses différentes dimensions incluant trois échelles de symptômes (asthénie, nausées et vomissements, douleur) ; six questions individuelles sur la dyspnée, la perte d’appétit, l’insomnie, la constipation, la diarrhée et les difficultés financières ; et deux questions générales sur la qualité de vie et la santé. Le deuxième questionnaire est spécifique des cancers colo-rectaux et inclut 29 questions concernant les symptômes.

Si les deux sous-groupes étudiés étaient comparables en termes de données démographiques, le nombre de tumeurs du bas rectum était, de manière non surprenante, plus élevé dans le groupe colostomie. Concernant le questionnaire QLQ-C30, il n’y avait pas de différence entre les deux groupes en termes de qualité de vie globale sauf dans les dimensions émotionnelles et cognitives où les patients traités par colostomie obtenaient de meilleurs scores. Sur l’échelle symptomatique, les patients qui avaient bénéficié d’une préservation sphinctérienne rapportaient significativement plus de symptômes (constipation, nausées et vomissements). Concernant le questionnaire QLQ-CR29, la fréquence des symptômes rapportés était également supérieure dans le groupe préservation sphinctérienne (fréquence des selles, incontinence anale, douleur pelvienne), et seule la dysurie était plus fréquente en cas de colostomie.

Cette étude confirme que la qualité de vie des patients ayant une colostomie est loin de l’image négative que l’on s’en fait.

Au total, si le recours à la colostomie est souvent considéré comme un échec par les patients et les soignants, cette étude souligne que la qualité de vie chez ces patients peut être supérieure à celle de ceux ayant eu une préservation sphinctérienne. Ce travail permet de confirmer que c’est la qualité de vie du patient qui doit primer, et ce, quelle que soit la technique qui sera utilisée.

Il ne reste donc plus qu’à faire circuler l’information et à faire évoluer les mentalités au sujet de ce tabou persistant.

À suivre…
Véronique Vitton, Marseille


Pour en lire un peu plus sur le sujet :
  • Pachler J, Wille-Jørgensen P. Quality of life after rectal resection for cancer, with or without permanent colostomy. Cochrane Database Syst Rev. 2005 Apr 18;(2):CD004323.
  • Herrle F, Sandra-Petrescu F, Weiss C, Post S, Runkel N, Kienle P. Quality of Life and Timing of Stoma Closure in Patients With Rectal Cancer Undergoing Low Anterior Resection With Diverting Stoma: A Multicenter Longitudinal Observational Study. Dis Colon Rectum. 2016 Apr;59(4):281-90.
  • Siassi M, Hohenberger W, Lösel F, Weiss M. Quality of life and patient's expectations after closure of a temporary stoma. Int J Colorectal Dis. 2008 Dec;23(12):1207-12.
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