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Octobre 2016
L'article du mois à connaître :

Two Phase 3 Trials of Adalimumab for Hidradenitis Suppurativ

N Engl J Med 2016;375: 422-34.
Appréciation
appreciation-5
Mots clefs :
fissure anale, toxine botulique

Un pas de plus vers l'autorisation à utiliser en France l'adalimumab dans la maladie de Verneuil ??


L'hidradénite suppurative (ou maladie de Verneuil) est une affection inflammatoire chronique douloureuse de la peau dont le traitement est difficile.Jusqu'à présent seul un essai de phase 2 sur l'intérêt des anti-TNF alpha avait été publié montrant son efficacité dans cette pathologie.
Cette publication du NEJM analyse les résultats de 2 essais multicentriques randomisés en double aveugle (Pionner I et II) comparant l'adalimumab au placebo chez des patients ayant une hidradénite suppurative modérée à sévère avec 2 périodes distinctes. Dans la première période, les patients recevaient pendant 12 semaines un placebo ou l'adalimumab (160 mg à S0, 80 mg à S2 puis 40mg /2 semaines). Dans la deuxième période, les patients initialement sous placebo étaient mis sous adalimumab (PIONEER I) ou continuaient le placebo (PIONEER II). Pendant cette deuxième période, les patients initialement sous adalimumab étaient de nouveau randomisés en double aveugle pour recevoir un placebo ou l'adalimumab. Cette deuxième période était de 24 semaines. L'objectif principal était de montrer à S12 une réponse définie par une diminution d'au moins 50 % du nombre d'abcès et de nodules initiaux sans augmentation du nombre de drainage de collections. Les objectifs secondaires étaient une amélioration sur le nombre de lésions (classification de Hurley), de la douleur (échelle visuelle) et de la gravité des lésions (Score de Sartorius).

PIONEER I incluait 307 patients et PIONEER II 326 autres. Les patients avaient des caractéristiques globalement similaires sauf pour la gravité des lésions, plus sévères dans PIONEER I. Le taux de réponse clinique était significativement plus élevé chez les patients mis sous adalimumab vs placebo : 41,8% vs 26% dans PIONEER I (p=0,003) et 58,9 % vs 27,6% dans PIONEER II (p<0>Les effets secondaires quelque soit la période étaient minimes à modérés dans tous les groupes. Ceux graves dans la première période survenaient chez 1,3% des patients sous adalimumab contre 1,3% sous placebo dans PIONEER I (respectivement 1,8% vs 3,7 dans PIONEER II). Dans la deuxième période, des effets secondaires graves survenaient au maximum chez 4,6% des sujets de tous les bras sans différence significative entre eux.

Cette synthèse de 2 essais randomisés de phase 3 confirme l'efficacité de l'adalimumab aux doses usuelles en cas de maladie de Verneuil modérée à sévère avec des effets secondaires le plus souvent minimes à modérés. L'efficacité reste cependant modeste comparée aux résultats obtenus dans d'autres maladies inflammatoires, comme la maladie de Crohn. L'amélioration significative en terme de nombre de lésions, douleurs et sévérité de la maladie dans le groupe PIONEER II pourrait s'expliquer par la gravité de la maladie moindre que dans PIONEER I. Enfin, la perte de réponse avec le temps constatée entre S12 et S36 pourrait s'expliquer par le protocole de l'étude qui ne prend en compte dans cette deuxième période que les sujets améliorés d'au moins 50% dans la première période.

À ce jour, beaucoup de pays peuvent utiliser l'adalimumab pour certains de leurs patients ayant une maladie de Verneuil en échec des traitements usuels dont on connaît leurs limites…
Un traitement donc à rajouter (même si ce n'est pas la panacée) à l'arsenal thérapeutique mais, pas pour la France…

À suivre…

Thierry Higuero, Beausoleil-Monaco