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Mai 2017
L'article du mois à connaître :

Short-term outcome of percutaneous tibial nerve stimulation for low anterior resection syndrome: results of a pilot study

Colorectal Dis 2017 Mar 29.
Appréciation
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Mots clefs :
Syndrome de résection antérieure du rectum, TENS, incontinence anale

La stimulation tibiale postérieure… une technique simple au service des patients souffrant de syndrome de résection antérieure du rectum ?


La prévalence du syndrome de résection antérieure du rectum (SRAR) est d’environ 30% malgré une amélioration souvent spontanée la première année. Il est lié à une atteinte sphinctérienne, à une perte du réflexe recto-anal inhibiteur, et à une perte de la capacité rectale. Le SRAR se manifeste le plus souvent par des troubles de l’exonération avec des selles fractionnées et surtout par une incontinence anale avec un trouble de la sensibilité et de la discrimination.
Son traitement n’est pas toujours simple et repose en première intention sur une régularisation du transit en optimisant la qualité des selles grâce aux mucilages le plus souvent. Depuis peu, l’utilisation des irrigations transanales en deuxième intention a permis d’améliorer des patients ne répondant pas au traitement de première intention mais certains patients, en échec de ces mesures conservatrices, nécessitent parfois le recours à un traitement plus invasif de la neuromodulation des racines sacrée à la stomie.
La stimulation tibiale postérieure est un traitement non invasif de l’incontinence anale qui a été rapporté pour la première fois en France en 2006 par Michel Queralto. Cette technique (transcutanée ou percutanée) a surtout fait l’objet d’études ouvertes dans la littérature avec des résultats variables et une étude française randomisée négative. Néanmoins, elle a pour avantage d’être simple, non invasive, très bien acceptée par les patients, d’un coût faible et également efficace dans le traitement de l’incontinence urinaire.
Dans cette étude pilote européenne bi-centrique (Italie-Espagne), l’efficacité du TENS a été évaluée pour la première fois dans le traitement du SRAR. Vingt-et-un patients (11 femmes) d’âge moyen 66 ± 6 ans, opérés d’un cancer d’un rectum, ont été inclus dans ce travail. Ils recevaient 12 sessions de stimulation d’une durée de 30 minutes chacune (2 par semaine pendant un mois puis 1 par semaine pendant un mois). Le succès était évalué par le LARS-score et le TAPE-score qui est un score incluant notamment le score de St Marks pour l’incontinence anale, le score ODS pour la dyschésie, et le score ICIQ-SF pour l’incontinence urinaire. La qualité de vie était évaluée par le FIQL. A six mois, le LARS-score et le TAPE-score étaient significativement améliorés (respectivement 32 vs 27 et 55 vs 58). Neuf patients rapportaient une amélioration > 50% du score de St Marks et 3 des 6 souffrant d’incontinence urinaire rapportaient une amélioration. En revanche, le score ODS était seulement amélioré chez 3 patients sur 21, ce qui n’est pas très surprenant pour un traitement qui a surtout montré une efficacité dans l’incontinence. Il n’était pas non plus observé d’amélioration de la qualité de vie. Enfin, les paramètres manométriques n’étaient pas modifiés mais la pratique a montré que cela avait a priori peu d’impact clinique.
Les auteurs restent prudents quant à leurs résultats puisque, même si cette étude est encourageante, le nombre de patients reste limité. De plus, si les scores étaient améliorés, la qualité de vie ne l’était pas et le suivi était de seulement 6 mois. Néanmoins, cette étude montre que de nouveaux outils peuvent permettre d’améliorer le SRAR de manière simple et non invasive. Une nouvelle arme dont on espère qu’elle confirmera son efficacité dans de prochains essais.

À suivre…

Véronique Vitton, Marseille
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