Symptômes :

  • Rectorragies plus ou moins abondantes
  • Uniquement lors de l’émission de selles et s’arrêtant immédiatement après la défécation (plus inquiétantes que graves)
  • Ou spontanées, +/- associées à une extériorisation de caillots de sang, répétées
  • Souvent présents : syndrome rectal à type de ténesme, épreintes, faux besoins, coliques abdominales
  • Malaise vagal fréquent, signes de choc

Pièges diagnostiques :

  • Les autres étiologies de rectorragie (cf. fiche Saignement spontané)
  • Globe urinaire parfois associé

Ce qui fait évoquer le diagnostic :

  • Notion de chirurgie proctologique ou traitement instrumental récents (électrocoagulation à l’infra-rouge, ligature élastique…) le saignement sur chute d’escarre peut survenir jusqu’à 21 jours après le geste
  • Terrain à risque : prise d’une anticoagulation efficace, trouble de l’hémostase (patient hémophile, cirrhotique…)
  • Le diagnostic est facilement fait par l’interrogatoire
  • L’examen clinique proctologique (inspection, toucher rectal +/- anuscopie) permet de distinguer saignement d’une plaie externe d’un saignement interne (difficilement fait à l’interrogatoire)

Examens complémentaires

NFS plaquettes, groupe sanguin rhésus RAI (bilan prétransfusionnel), +/- INR (traitement par AVK)

Risque évolutif :

  • Potentiellement grave
  • Le saignement peut être sévère avec choc hypovolémique (attention au terrain : âgé, comorbidité, traitement bétabloquant).
  • Ce choc peut parfois être déclenché au moment de l’induction de l’anesthésie générale effectuée en vue de l’hémostase chirurgicale

Traitement :

  • Rassurer le patient s’il s’agit d’un saignement isolé qui accompagne la selle et ne se reproduit pas en dehors de la défécation
  • Hospitalisation urgente si saignement important, répété, associé à un retentissement hémodynamique, patient vivant loin d’un centre de soins, patient isolé, anticoagulants…
    • Voie veineuse, repos allongé, à jeun
    • Recherche d’une instabilité hémodynamique nécessitant une prise en charge avec si besoin remplissage/voire transfusion
    • Si possible, demander au patient d’évacuer au maximum les caillots (aux toilettes, dans une couche…) car ceux-ci empêchent l’hémostase de se faire, et afin de surveiller l’activité du saignement (sang rouge)
    • Si l’origine du saignement est accessible (ex : plaie externe post chirurgie proctologique) : injection de xylocaïne adrénalinée et point en X si possible
    • Si le saignement ne cède pas rapidement, en cas d’instabilité hémodynamique : examen et hémostase sous anesthésie générale

Surveillance :

  • Hémodynamique et clinique, +/- biologique (déglobulisation)
  • Surveiller les selles (absence d’évacuation de sang rouge), idéalement garder sous surveillance jusqu’à évacuation complète des caillots résiduels
  • Laxatifs afin d’éviter toute constipation

Aussi :

https://www.snfcp.org/fiches-pratiques/perioperatoire/gestion-du-risque-hemorragique-apres-chirurgie-proctologique-mai-2018/

Dr Alix Portal, pour le Comité du Site de la SNFCP, août 2020