Guide de l’opéré de l’anus

Vous avez été opéré de l’anus : hémorroïdes, fissure, abcès, fistule, condylomes…

Ce livret a été conçu pour vous accompagner après votre sortie de l’hôpital ou de la clinique, pour vous aider au mieux face aux difficultés que vous pourriez rencontrer.

Comment gérer la douleur ?

La douleur est malheureusement fréquente après les opérations de la région anale, qui est très sensible. Cette douleur peut être plus ou moins intense, et durer plus ou moins longtemps ; elle n’est pas le signe de quelque chose d’anormal.

Pendant les deux ou trois jours qui suivent votre sortie, nous vous conseillons de prendre systématiquement les antalgiques sans attendre d’avoir mal. Ensuite, passés ces premiers jours, après le retour du transit, vous pourrez ne les prendre qu’en cas de douleur, à la demande.

En cas de douleur importante, n’hésitez pas à associer les médicaments qui vous ont été prescrits : ils sont compatibles entre eux et se potentialisent. De plus ne les prenez pas tous en même temps, décalez les prises dans le temps, l’efficacité sera ainsi plus constante.

Les médicaments antalgiques les plus souvent prescrits

  • Paracétamol (Dolipraneâ, Dafalganâ, Efferalganâ…), parfois prescrit en association avec du tramadol (Ixprimâ), ou de la codéine (Codolipraneâ), ou de l’opium (Lamalineâ). Prenez-le de façon systématique les deux ou trois premiers jours, même si vous n’avez pas mal, sans dépasser les doses maximales autorisées.
  • Anti-inflammatoires (kétoprofène, ibuprofène…) : ils sont surtout efficaces contre les brûlures. Prenez-les à la demande, pendant les repas. Si votre estomac est fragile, votre médecin a pu vous prescrire un protecteur de l’estomac.
  • Décontractants musculaires (alprazolam) : ils sont utiles en cas de contraction du sphincter, de spasme, de crampe. Ils ne doivent pas être pris si vous conduisez car ils peuvent diminuer la vigilance.
  • Morphine : elle peut être utilisée en plus des autres antalgiques et aux doses maximales prescrites (à ne jamais dépasser), les effets indésirables sont rares.

Chaud ou froid ?

Quelques petits moyens peuvent vous aider à lutter contre la douleur : bains de siège froids, application de glace (par exemple poche de petits pois surgelés enveloppée dans un linge, pas directement sur la peau, ou préservatif rempli d’eau, noué et mis au congélateur), ou au contraire du chaud (bouillotte ou bouteille d’eau chaude).

Si la douleur vous semble anormale : apparue après plusieurs jours sans douleur, accompagnée d’un gonflement ou d’une induration locale, il faut prévenir votre proctologue ou chirurgien.

Le transit

Le transit reprend en général deux ou trois jours après l’opération. Ne vous inquiétez pas, les selles ne risquent pas de « déchirer » votre anus ou de faire lâcher les points de sutures, le transit reprend toujours !

Si les selles durcissent, elles risquent seulement de faire un peu plus mal en passant. Il est donc conseillé de tout faire pour reprendre assez rapidement un transit, fait de selles pas trop dures, l’idéal étant d’obtenir des selles molles comme de la compote, une à deux fois par jour, pour toute la durée de la cicatrisation.

Pour cela il convient de consommer un régime riche en fibres et de bien boire, et surtout de prendre de façon systématique les sachets de laxatifs prescrits.

Les laxatifs en pratique

Prendre tous les jours un laxatif, certains praticiens conseillent de démarrer ce traitement 2 à 3 jours avant l’opération.

La dose nécessaire pour obtenir des selles molles est variable, pouvant aller de 1 à 8 sachets par jour, à prendre comme vous le souhaitez (il n’y a pas de surdosage possible, ni d’accoutumance). La selle doit passer facilement sans sensation de dilatation de l’anus.

Le deuxième jour après la chirurgie si vous n’êtes pas allé(e) à la selle augmentez franchement la dose de laxatifs. Par exemple si ce sont des sachets de macrogol à diluer dans l’eau, prenez le matin à jeun trois sachets dans un grand verre d’eau. Renouvelez cela le troisième jour si les selles ne sont toujours pas revenues.

Les lavements

Si vous ressentez une envie d’aller à la selle et si vous sentez que le rectum est plein mais que vous n’arrivez pas à évacuer, alors aidez-vous avec un petit lavement de type Microlaxâ ou Norgalaxâ, ou un lavement à l’eau avec une poire (ou un flacon de Normacol préalablement vidé) remplie d’eau tiède du robinet avec un peu d’huile d’olive par exemple. Ces produits sont en vente libre en pharmacie.

Ceci doit rester exceptionnel, en cas de blocage uniquement.

Si malgré toutes ces mesures les selles ne reviennent pas après 3 ou 4 jours, appelez votre chirurgien.

Ensuite prenez les laxatifs jusqu’à la consultation post-opératoire.

Si vous avez des selles trop molles ou trop fréquentes, diminuez les laxatifs de moitié mais il est déconseillé de les arrêter, ceci risquant d’entraîner une constipation.

Votre proctologue ou chirurgien vous dira quand vous pouvez les arrêter ; il faudra diminuer les doses progressivement.

Comment nettoyer les plaies ? Quel pansement faire ? 

Pour la plupart des interventions, les soins sont simples et vous pouvez les faire vous-même.

Le matin suivant l’intervention, vous devrez défaire le pansement qui a été mis au bloc opératoire. Il vous sera plus facile de l’enlever sous la douche, il se décollera ainsi plus facilement.

Parfois, une mèche imbibée de sang peut se trouver au contact de la plaie, il faut la retirer.

Ensuite, il suffit de vous laver à l’eau et au savon prescrit par votre médecin, sous la douche, en position accroupie pour bien exposer la plaie (ne pas hésiter à bien écarter les fesses, aucun risque de déchirer), et de bien vous rincer. Les plaies sèchent volontiers seules rapidement, ou avec un simple tamponnement avec des compresses, ou au sèche-cheveux mais avec prudence et pas trop près de la plaie.

Selon les cas, soit vous apposez simplement une compresse sur l’anus, soit vous mettez une noisette de pommade (crème cicatrisante qui vous a été prescrite) sur la compresse.

Il n’est pas utile de désinfecter les plaies avec un antiseptique.

Les soins doivent être faits au minimum matin et soir, et après chaque selle.

Pour certaines interventions (kyste sacro coccygien, fistule importante…), des soins infirmiers à domicile seront nécessaires, une à deux fois par jour.

Il est normal d’avoir des traces de sang et un suintement jaunâtre ou verdâtre sur la compresse pendant un mois voire plus.

Que faire en cas de saignement ?

Il est normal d’avoir de petits saignements après une chirurgie de l’anus, notamment au moment des selles.

Toutefois, il existe un risque hémorragique, qui court sur les trois premières semaines après l’intervention. C’est un accident qui n’est pas rare (environ 6% des interventions) et qui peut être sévère et nécessité de retourner au bloc opératoire en urgence.

Une hémorragie est un saignement important avec du sang rouge et des caillots. Le sang peut couler tout seul de la plaie en continu, ou alors remplir le rectum et être expulsé en allant aux toilettes, de façon répétée, avec possible sensation de malaise.

Si les saignements sont plus abondants que d’habitude, rincez-vous à l’eau froide, mettez des compresses roulées au niveau de l’anus pour faire compression, allongez-vous. Si le saignement ne s’arrête pas prévenez sans attendre votre chirurgien.

Le plus souvent on vous proposera de revenir dans l’établissement pour vous surveiller et éventuellement coaguler le vaisseau qui saigne, parfois sous anesthésie générale. Il est important que vous restiez à jeun pour que ce geste puisse être fait si besoin sans retard.

Difficultés pour uriner, est-ce normal ?

Cela peut arriver après la chirurgie de l’anus, et rentre dans l’ordre tout seul en un ou deux jours. Si les difficultés sont telles que vous n’arrivez pas à vider votre vessie, que vous avez le bas du ventre dur et douloureux, voire des fuites d’urine, il faut appeler votre chirurgien en urgence, ou vous rendre aux Urgences les plus proches de chez vous.

Que faire en cas de fièvre ?

Prenez votre température avec un thermomètre, si la fièvre se confirme (au-dessus de 38,5°), pendant plusieurs heures d’affilée, appelez votre médecin qui vous donnera la conduite à tenir.

Questions courantes

Puis-je marcher, puis-je m’asseoir ?

Dès la sortie de l’hôpital ou de la clinique vous pourrez marcher sur vos deux jambes, monter les escaliers, vous asseoir (une bouée peut rendre la position assise moins inconfortable mais n’est en rien obligatoire). Vous pouvez vivre « normalement ».

Puis-je conduire ?

Pas le soir de l’opération pour votre retour. Du fait de l’anesthésie générale, c’est interdit.

Dès le lendemain, oui, si vous vous en sentez capable. Attention toutefois à la somnolence possible due à certains médicaments. Pour les longs trajets il est préférable d’attendre quelques jours. Pendant les trois premières semaines, à cause du risque hémorragique, veillez à vous trouver relativement près d’une structure de soins en cas de problème.

Puis-je prendre l’avion ?

Le risque hémorragique existe pendant les trois premières semaines ; il est donc fortement déconseillé de prendre l’avion, ou de partir loin durant ces trois premières semaines.

Pendant ces trois premières semaines, les voyages dans des moyens de transport confortables, vers des destinations où un établissement de santé existe, sont autorisés.

Puis-je faire du sport ?

Pendant au moins les deux premières semaines, il est déconseillé de pratiquer toute activité sportive, ou de remonter sur votre vélo. Attendez l’aval du chirurgien que vous verrez lors de la consultation post opératoire.

Puis-je me baigner ?

La baignade est autorisée, sauf en piscine municipale les deux premières semaines du fait des sécrétions non hygiéniques. En revanche, veillez à ce que du sable ne s’insinue pas dans la plaie ; pour cela rincez rapidement la plaie à l’eau douce.

Dois-je suivre un régime alimentaire particulier ?

Non, c’est inutile. Aucun aliment n’est interdit, une alimentation riche en fibres favorisera votre transit. N’oubliez pas vos laxatifs !

Puis-je avoir des rapports sexuels ?

Oui, tant qu’ils ne sont pas douloureux. Les rapports sexuels anaux ne sont pas conseillés avant cicatrisation complète.

Est-ce normal d’avoir des suintements ?

Oui, c’est normal d’avoir des écoulements de sérosités blanc-jaunes, parfois verdâtres, souvent mêlées à des traces de sang, et ce jusqu’à cicatrisation complète (environ 6 à 8 semaines).

Pourquoi ai-je du mal à retenir mes selles ?

Cela arrive souvent après la chirurgie de l’anus, et rentre dans l’ordre spontanément après quelques jours à quelques semaines dans la grande majorité des cas. Les laxatifs ont tendance à aggraver ces problèmes, vous pouvez alors les diminuer, en prenant garde à ce que les selles ne deviennent pas dures.

Les démangeaisons sont-elles normales ?

Oui, c’est signe que les plaies cicatrisent.

J’ai perdu un fil, dois-je m’en inquiéter ?

Ne vous inquiétez pas, les fils utilisés sont résorbables et tombent tout seul.

Dr Charlotte Favreau-Weltzer (Talence), Dr Frédéric Juguet (Bordeaux).
Juin 2013.
Relecture Dr Charlotte Favreau-Weltzer (Talence). Mai 2023.

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