Hémorroïdes et accouchement

J’ai souffert de douleurs anales après mon accouchement, est-ce forcément des hémorroïdes ?

Non, pas forcément. Un examen proctologique est nécessaire car plusieurs maladies anales peuvent être déclenchées par l’accouchement.

La fissure anale, plaie du canal anal, est une pathologie fréquente dans cette situation, source de douleurs essentiellement au passage de la selle et après. Elle peut être à l’origine d’une marisque sentinelle c’est-à-dire d’une réaction œdémateuse avec tuméfaction anale pouvant mimer une thrombose hémorroïdaire (c’est le capuchon mariscal).

Les hémorroïdes après un accouchement correspondent plutôt à des tuméfactions permanentes et douloureuses, localisées à un endroit précis autour de l’anus, mais parfois tout autour.

L’examen proctologique réalisé par votre médecin est donc nécessaire avant d’entreprendre un traitement. En effet, le traitement de la fissure anale est très différent de celui de la thrombose hémorroïdaire.

Si j’ai présenté une crise hémorroïdaire après mon accouchement, ai-je plus de risque de récidiver au 2e accouchement ?

Chaque grossesse ne se ressemble pas… c’est aussi vrai pour le canal anal. La grossesse et l’accouchement sont des moments privilégiés pour voir apparaître une maladie hémorroïdaire. Pour autant, il n’y a pas plus de risque au 2e accouchement d’en souffrir, que l’on ait ou non eu des hémorroïdes au premier.

Comment éviter une crise hémorroïdaire à l’accouchement ?

Le seul traitement préventif ayant fait la preuve de son efficacité est le traitement des troubles du transit (diarrhée ou constipation) pendant la grossesse et au décours de l’accouchement. Les mesures diététiques qui consistent à user et abuser des fibres (fruits, légumes, céréales) sont à envisager en premier lieu mais si malgré une bonne hygiène alimentaire, la constipation persiste, un traitement laxatif peut vous aider. Ce traitement est à envisager seulement après avis de votre médecin ou gynécologue.

Faut-il envisager un traitement chirurgical réputé douloureux et pas toujours efficace ?

La pathologie hémorroïdaire de l’accouchement se résorbant spontanément dans les 6 mois, il n’est pas logique d’envisager un traitement chirurgical durant cette période. Dans des cas extrêmes, si le traitement médical n’est pas efficace et les symptômes majeurs en cours de grossesse, on pourra exceptionnellement vous proposer un traitement instrumental pour une thrombose, ou chirurgical.

Par contre si vous souffriez d’hémorroïdes avant votre grossesse ou si ces hémorroïdes ne se résorbent pas dans les 6 mois qui suivent l’accouchement, un traitement chirurgical peut vous être proposé par le proctologue, mais à distance de votre accouchement ; il n’y a aucune urgence.

Les hémorroïdes se résorbent-elles définitivement après l’accouchement ?

Dans 90 % des cas la maladie hémorroïdaire devient asymptomatique dans les 6 mois qui suivent l’accouchement. Il persiste parfois des marisques : excès de peau qui restent après une distension, due à une thrombose ou un œdème.

Les hémorroïdes, qui sont des structures vasculaires normales et présentes chez tous, restent bien sûr en place, mais sont le plus souvent non gênantes.

Comment éviter qu’elles ne ressortent plus tard ?

Le seul traitement ayant prouvé son efficacité dans la prévention des poussées hémorroïdaires est celui des troubles du transit, à savoir la constipation ou la diarrhée.

Comment calmer la douleur rapidement et durablement ?

Après un accouchement le traitement de la poussée hémorroïdaire associe un traitement local pour réduire l’inflammation : crème anti hémorroïdaire anesthésiante, glace (petits pois congelés). La régularisation du transit est essentielle. Des anti inflammatoires peuvent vous être prescrits pour calmer la douleur si elle est intense, à prendre de préférence après la tétée si vous allaitez. Attention : les anti inflammatoires sont en revanche formellement contre indiqués pendant la grossesse !! Demandez l’avis de votre médecin.

Les traitements pour la circulation du sang préviennent-ils les hémorroïdes ?

Ils n’ont pas fait la preuve de leur efficacité dans la prévention de la crise hémorroïdaire, ni pendant ni après la grossesse. Ils permettent éventuellement de soulager plus rapidement de la douleur.

Quel facteur déclenche une crise hémorroïdaire lors d’un accouchement ?

L’hyperpression vasculaire pendant la grossesse, due à la tête du fœtus, favorise la formation d’une turgescence hémorroïdaire. Les poussées importantes au moment de l’accouchement favorisent l’extériorisation de ces hémorroïdes. Lorsque ces coussinets hémorroïdaires se font étrangler dans le canal anal par le sphincter à la suite de leur extériorisation cela favorise l’apparition de thrombose.
Des facteurs hormonaux pourraient intervenir si on en juge par l’existence de récepteurs hormonaux au niveau des coussinets hémorroïdaires et par la plus grande fréquence des poussées hémorroïdaires en période prémenstruelle chez la femme.

J’ai souffert d’hémorroïdes après mon accouchement, je n’ai plus mal mais il me reste une hémorroïde à l’extérieur qui sort, que dois-je faire ?

Si cette hémorroïde n’est pas source de gêne, de saignement ou de douleur alors il ne faut rien faire. N’oubliez pas que la maladie hémorroïdaire est une maladie bénigne.

Traitement des hémorroïdes par infrarouges

Le traitement par infrarouge va-t-il enlever mes hémorroïdes ?

Non, seul le traitement chirurgical permet de supprimer le réseau hémorroïdaire. Cependant moins d’un malade sur dix consultant pour des hémorroïdes nécessite une chirurgie. De plus, la photo coagulation infrarouge est un traitement simple, réalisé en consultation, le plus souvent indolore qui permet efficacement de contrôler les saignements d’origine hémorroïdaire lorsque le prolapsus n’est pas trop important.

Le traitement par infrarouge est il définitif ?

L’efficacité à un an de la photo coagulation infrarouge est d’environ 50% à 70% sur les saignements. Si l’efficacité n’est pas complète ou pas durable, les séances peuvent sans problème être répétées.

Mon proctologue n’est pas équipé pour le photo coagulation infrarouge. Y a-t-il des alternatives ?

Le matériel nécessaire à la photo coagulation reste coûteux. En terme d’efficacité, la photo coagulation infrarouge est comparable aux injections sclérosantes qui sont généralement bien tolérées et facilement réalisées avec un matériel minimum. Il est également possible de recourir aux ligatures élastiques.

Mon proctologue n’est pas équipé pour le photocoagulation infrarouge. Y a t’il des alternatives ?

Le matériel nécessaire à la photocoagulation reste coûteux. Cependant en terme d’efficacité la photo coagulation infrarouge est comparable aux injections sclérosantes qui sont généralement bien tolérées et facilement réalisées avec un matériel minimum. Il est également possible de recourir aux autres techniques de traitement instrumental de la maladie hémorroïdaire (ligatures élastiques).

Traitement des hémorroïdes par injections sclérosantes

Les scléroses d’hémorroïdes sont-elles douloureuses ?

La sclérose en elle-même n’est pas douloureuse. En revanche, après une injection sclérosante, des douleurs modérées peuvent survenir dans 9 à 70% des cas ; elles n’empêchent pas, dans la grande majorité des cas, de vivre normalement. Il s’agit de la complication la plus fréquente des scléroses. Ces douleurs répondent le plus souvent très bien à un antalgique simple type paracétamol.

Peut-on pratiquer des scléroses pendant la grossesse ?

L’absence de toxicité fœtale en cas de passage systémique n’étant pas démontrée pour les produits sclérosants, la sclérose est contre-indiquée lors de la grossesse.

Peut-on renouveler les séances de sclérose ?

Classiquement, deux ou trois piqûres sclérosantes sont réalisées à chaque séance. S’agissant d’un traitement symptomatique, on peut interrompre ce traitement dès la disparition des symptômes proctologiques (saignement et/ou prolapsus). Cependant, ces séances doivent parfois être renouvelées. Elles seront alors réalisées 2 à 4 fois avec un intervalle de 2 à 4 semaines entre chaque séance. Si pour certains, ces scléroses doivent être poursuivies jusqu’à disparition des saignements, il semble plus raisonnable et pragmatique d’interrompre ce traitement en cas d’inefficacité à 3 mois (soit après 3 ou 4 séances).

Traitement des hémorroïdes par ligature élastique

Le traitement par ligature élastique enlève-t-il les hémorroïdes ?

Non. La ligature élastique poursuit le même objectif que les autres traitements instrumentaux de la maladie hémorroïdaire : celui de créer une cicatrice renforçant le tissu de soutien au sommet des hémorroïdes. Elle n’a pas pour but d’enlever les hémorroïdes.

Le traitement par ligature élastique est-il bien toléré ?

La perception d’une gêne ou d’une sensation de corps étranger ou encore d’une envie pénible de déféquer peut apparaître après le geste et persister pendant quelques heures, voire une journée. Les antalgiques simples type paracétamol et anti inflammatoires suffisent le plus souvent à calmer cette douleur. Il est également assez fréquent que de petits saignements soient observés au moment ou au décours de la selle dans les jours qui suivent la réalisation du geste. Ces éléments ne doivent pas inquiéter.

Quelles complications sont à craindre après une ligature élastique des hémorroïdes ?

Des complications peuvent survenir : un saignement abondant (aller à la selle pour ne faire que du sang), l’impossibilité d’uriner sont des signes qui invitent à reprendre contact avec son médecin dans les plus brefs délais.

Il arrive parfois qu’un malaise survienne dans l’heure qui suit la réalisation du geste : il est le plus souvent lié à un ralentissement réflexe du cœur (malaise vagal).

La ligature élastique est elle une méthode efficace pour traiter les hémorroïdes ?

La technique de ligature élastique est la plus efficace des méthodes instrumentales actuellement proposées. L’amélioration des signes liés aux hémorroïdes est observée habituellement plus rapidement qu’avec les autres méthodes.

Peut on toujours proposer un traitement par ligature élastique en cas d’hémorroïdes ?

Il est difficile de proposer systématiquement ce type de traitement chez tous les malades qui souffrent des hémorroïdes. La décision du traitement dépend donc de nombreux facteurs (taille des hémorroïdes, expérience du praticien, fréquence des troubles, nature des troubles, nature des traitements pris pour une autre raison que les hémorroïdes) au premier plan duquel figure le choix de la personne qui s’en plaint.

Mise à jour Dr Charlotte Favreau-Weltzer. mai 2018