La SNFCP vous propose de participer à l’édition 2025 du Procto quiz durant 10 mois.
De décembre 2024 à septembre 2025, des quiz cliniques illustrés auxquels il faudra répondre seront mis en ligne.
Retrouvez ci-dessous la réponse et l’explication du procto-quiz du mois de février 2025.

Procto Quiz – Février 2025
L’image du mois, quel est votre diagnostic ?

Un patient de 48 ans, suivi pour une infection VIH traitée, a vu apparaître au niveau de l’anus des lésions douloureuses, suintantes, papuleuses avec des bords papillomateux légèrement ulcérées en leur centre (Figure).
Quelle est votre proposition diagnostique ?
De quoi s’agit-il ?
- Une papillomatose à HPV
- Un sarcome de Kaposi
- Une verrue péruvienne
- Un botryomycome
- Une syphilis
Explications
Le botryomycome, encore appelé granulome pyogénique ou hémangiome capillaire lobulé, est une tumeur bénigne d’origine vasculaire, inflammatoire bourgeonnante, le plus souvent du derme superficiel, mais des formes hypodermiques ont été rapportées. Il peut être localisé au niveau cutané mais également muqueux. C’est une affection typique de l’enfance, et les formes adultes sont rares. Dans la majorité des cas, il s’agit d’une lésion unique de 0,5 à 1 cm de diamètre, mais des formes plus volumineuses voire plus multiples ont été observées comme les granulomes pyogéniques multiples éruptifs ou les botryomycomes d’origine médicamenteuse. Les sites de prédilection sont les doigts et les orteils avec une survenue fréquente après un microtraumatisme ou à côté d’un ongle incarné. La localisation intra-buccale a été décrite notamment après des soins dentaires et prend alors un aspect papillomateux.
La pathogénie du botryomycome reste inexpliquée. D’un point de vue moléculaire, il y a une augmentation de l’expression de p-ATF2 (activateur de transcription phosphorylé), de p-STAT3 (activateur de transcription et transducteur du signal phosphorylé), et de p53 (gène suppresseur de tumeur) comme d’ailleurs dans les angiosarcomes cutanés. Certaines modifications hormonales, notamment les hormones féminines qui agissent sur le système vasculaire par le la production de VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor), peuvent s’accompagner de l’apparition de botryomycomes. Une cause médicamenteuse doit également être recherchée, en particulier quand les lésions sont éruptives et multiples (comme est le cas de notre patients). Les traitements incriminés sont : l’isotretinoïne, le docetaxel, les inihibiteurs du récepteur du EGFR (Epidermal Growth Factor), l’indinavir (inhibiteur de protéase), la ciclosporine et la lamivudine. Le traitement repose sur l’ablation chirurgicale qui doit être la plus complète possible afin d’évier les récidives. D’autres méthodes de destruction ont été proposées mais empêchent l’analyse histologique comme l’électrodestruction, le laser Nd:YAG, le laser CO2, la cryothérapie, l’injection intra-lésionnelle d’éthanol ou de corticoïdes, la photothérapie dynamique, etc.
Remerciements pour la contribution au cas clinique : Dr Elise Pommaret
Référence : Pagliai KA, Cohen BA. Pyogenic granuloma in children. Pediatr Dermatol 2004 ; 21 :10-3.
Soutenu par A. Legrand