Tableau clinique
- Eruption d’apparition brutale
- Macules, papules, vésicules, pustules puis croûtes
- Localisation possible au niveau de tout le corps, y compris paumes des mains, plantes des pieds et muqueuses (région ano-génitale et muqueuse buccale), selon le mode de contamination
- Le plus souvent extrêmement douloureuse, une odynophagie est décrite en cas d’atteinte buccale
- Fièvre > 38° précédant l’éruption cutanée, voire syndrome grippal
- Polyadénopathies
- Souvent sexuellement transmise, l’incubation dure en moyenne 7 à 14 jours avec un délai maximum de 21 jours.
Infection à Monkeypox virus
La variole est une maladie causée par un virus appartenant à la famille des poxviridae, à la sous-famille des chordopoxvirinae et au genre orthopoxvirus. Il faut distinguer l’orthopoxvirus humain, responsable de la variole humaine, et l’orthopoxvirus simien, encore appelé virus de l’orthopoxvirose simienne (OVS) ou virus du monkeypox, responsable de la variole du singe ou monkeypox.
La variole humaine a été éradiquée en 1980 grâce à la vaccination qui n’est plus d’ailleurs obligatoire depuis 1977.
La variole du singe est une maladie zoonotique (maladie animale transmissible à l’homme) observée habituellement dans les zones forestières d’Afrique du Centre et de l’Ouest, où elle est transmise par contact de rongeurs ou de singes, sauvages ou en captivité, morts ou vivants. Une transmission interhumaine est également possible, en particulier au sein du foyer familial ou en milieu de soins.
Premier cas documenté humain en 1970, au Congo.
Elle est responsable de cas sporadiques dans les zones africaines d’endémie. Cependant, depuis mai 2022, des cas autochtones ont été rapportés dans plusieurs pays situés en dehors des zones d’endémie.
L’infection n’était initialement pas connue comme une infection sexuellement transmissible, mais il est possible que le contact direct avec une peau/muqueuse lésée durant un rapport sexuel facilite la transmission.
La majorité des cas recensés en France est survenue chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, sans lien direct avec des personnes de retour de zone d’endémie. La majorité des patients rapporte des partenaires sexuels multiples.
Diagnostics différentiels
La varicelle est un diagnostic différentiel à évoquer en l’absence d’antécédent de varicelle dans l’enfance. Elle est toutefois plus rare chez l’adulte. On note un prurit intense. Les lésions élémentaires sont des macules, des papules et des vésicules à liquide claire, avec intervalle de peau saine, ainsi que des lésions croûteuses. L’atteinte muqueuse est possible, ainsi que le cuir chevelu, mais épargne la plupart du temps la paume des mains et la plante des pieds. Les lésions cutanées évoluent par poussées successives, contrairement à la variole du singe.
Infection herpétique les lésions anales peuvent faire évoquer une infection herpétique. Les lésions élémentaires sont des vésicules pouvant atteindre le visage, le tronc, les doigts, et les muqueuses : buccale, ano-génitale et oculaire. Les vésicules laissent rapidement place à des lésions érosives disséminées. Une fièvre ainsi que des adénopathies inguinales et une dysurie peuvent être associées.
Syphilis secondaire, toujours à évoquer devant des lésions anales potentiellement transmisses sexuellement. Toutefois, les lésions ne sont jamais vésiculeuses, ni bulleuses. Les lésions élémentaires de la syphilis sont un exanthème roséoliforme ou maculo-papuleux. Les lésions atteignent le plus souvent le visage, le tronc et les membres : l’atteinte palmo-plantaire est évocatrice. Les muqueuses buccales et génitales peuvent être atteintes. Il n’y a généralement pas de fièvre associée.
Infection à Coxsackie, touche préférentiellement le jeune enfant (avant l’âge de 4 ans). Les lésions, à type de papules et de vésicules sont localisées au pharynx, à la langue, sur les joues, au niveau des doigts (notamment autour des ongles), sur la paume et le dos des mains, sur les plantes de pied et en région péri-anale. Un prurit est souvent présent au stade de vésicules. Une fièvre et des douleurs abdominales sont parfois associées.
Mesures de protection à prendre immédiatement en consultation
Par le patient :
- Port de masque chirurgical
- Lavage des mains à l’eau et au savon
Le patient est contagieux du début des symptômes jusqu’à la guérison complète des lésions cutanées. La contamination se fait par contact direct avec les liquides biologiques (urines, selles, sperme, larmes, rhinorrhée) du patient contaminé, et aussi avec les lésions cutanées ou muqueuses.
La transmission peut également se faire par voie aérienne (gouttelettes)
Par le soignant :
- Port d’un masque FFP2
- Port de gants, et de lunettes de protection si contact avec les lésions
- Port d’une surblouse, associée à un tablier en cas de contact avec les liquides corporels
- Désinfection des surfaces après la sortie du patient de la salle de consultation
- Traitement des déchets via la filière DASRI
Examens complémentaires
Le diagnostic est confirmé par PCR Orthopoxvirus sur prélèvement d’une vésicule.
Toujours associer les prélèvements suivants pour les diagnostics différentiels et les possibles pluricontaminations :
- PCR Chlamydia et gonocoque sur écouvillon anal
- Sérologie syphilis
- Sérologie VIH, VHB, VHC
Il s’agit d’une maladie à déclaration obligatoire.
Traitement
Traitement antalgique débutant d’emblée au palier II, voire III si besoin
Régularisation du transit pour lésions périanales
Douches une à deux fois par jour à l’eau tiède, avec un soin lavant de type savon surgras
Au stade de croûtes, l’utilisation de crèmes cicatrisantes contenant du sulfate de cuivre et du sulfate de zinc est recommandée
Le traitement des formes dermatologiques est symptomatique, il repose sur des soins locaux et le traitement de la douleur
Limiter la surinfection : mains propres, ongles courts, ne pas se gratter ni toucher les lésions. Contre-indication aux anti-inflammatoires
La variole du singe guérit en général spontanément et les symptômes durent de 2 à 4 semaines.
Complications
Les complications possibles sont une surinfection cutanée, un sepsis, une pneumopathie, une atteinte neurologique et cornéenne
Les personnes immuno-déprimées sont plus à risque de formes graves, ainsi que les nouveau-nés
La transmission materno-fœtale / périnatale est possible
Les personnes vaccinées contre la variole (nées avant 1977) seraient protégées des formes graves. Le taux de mortalité décrit est de 3 à 6%.
Mesures à prendre vis-à-vis des sujets contacts
Définition d’un contact à risque :
- Contact physique direct non protégé avec la peau lésée ou les fluides biologiques d’un cas probable ou confirmé symptomatique
- Contact avec des textiles (vêtements, linge de bain, literie) ou de la vaisselle sale utilisés par un cas probable ou confirmé symptomatique
- Contact non protégé (port de masque) à moins de 2 mètres pendant 3 heures (cumulées durant 24h) avec un cas probable ou confirmé symptomatique
Définition d’un contact à risque négligeable :
- Mesures de protection respiratoires portées par le cas et/ou le contact (masque chirurgical, FFP2 ou hygiaphone)
- Mesures de protection contact portées par le contact (gants étanches en latex, nitrile ou caoutchouc)
En cas de contact à risque, la vaccination est indiquée dans les 4 jours après le contact, et au maximum 14 jours après. Il convient de contacter l’Agence Régionale de Santé pour les contacts communautaires, ou l’équipe d’hygiène hospitalière pour les contacts en milieu de soins. La vaccination est effectuée avec le vaccin de 3ème génération Imvanex® (ou Jynneos®) de la firme Bavarian Nordic. Le schéma vaccinal de primovaccination comprend deux doses (ou trois doses chez les sujet immunodéprimés) administrées avec un intervalle d’au moins 28 jours entre les deux doses.
Il est recommandé aux personnes contacts à risque de surveiller deux fois par jour leur température pendant 3 semaines après le dernier contact à risque, la fièvre signant le début de la contagiosité et étant plus précoce que l’éruption.
Pour limiter la transmission au domicile :
- S’isoler si possible dans une pièce séparée, limiter les sorties
- Eviter tout contact physique y compris avec les animaux domestiques
- Porter un masque chirurgical en présence d’autres personnes
- Se laver les mains régulièrement
- Laver ses affaires séparément (vaisselle et linge à 60°)
- Nettoyer / désinfecter les surfaces touchées, surtout sanitaires
- Si utilisation de pansements / bandages : les jeter dans un sac poubelle spécifique, à fermer
D’après l’article paru dans La Revue,
signé par Marine Jeay, Nadia Fathallah, Vincent de Parades, Alban Le Monnier, Lucas Spindler