« J’ai complètement changé ma pratique … en expliquant mieux au patient ce que je vais faire et en leur demandant leur autorisation et je ne comprends pas pourquoi je n’y avais jamais pensé avant !!!! Merci !!!! »

Même si l’examen proctologique fait partie du quotidien du gastro-entérologue et du proctologue, il n’est pas toujours aussi évident pour le patient.  Il peut être vécu comme dérangeant, voire intrusif ou agressif. Le médecin en blouse (qu’il soit homme ou femme) est symboliquement dominant par rapport à un patient les fesses dénudées, allongé ou à quatre pattes. L’histoire personnelle du patient peut rendre difficile le franchissement de cette frontière physique, même par un médecin. Il est important de prendre en compte ces éléments pour réaliser cet examen dans un climat serein. 

Cette fiche a pour but de vous proposer quelques conseils pratiques pour un examen apaisé. 

Le patient est avec vous en consultation. Une fois l’interrogatoire fait, comment présenter l’examen clinique ?

  • Un certain nombre de patients ne pensent pas être examinés au cours de votre consultation, certains trouvent même cela inutile, mais ils n’osent pas le dire. Leur présence en consultation n’est pas forcément signe d’un accord tacite à être examiné.
  • Si l’examen ne va pas de soi, il faut donc le justifier. Une phrase exposant la nécessité de poser un diagnostic, d’éliminer une pathologie grave n’est pas inutile.
  • Il faut l’expliquer. « Vous allez vous installer sur les genoux / vous allonger sur le côté. Je regarde votre anus, je mets un doigt à l’intérieur, puis un petit appareil appelé anuscope), cela peut être désagréable, mais ne fait pas mal. »
  • Et le proposer. « Etes-vous d’accord ? ». Si le patient refuse l’examen, lui proposer un traitement symptomatique, expliquez-lui que vous n’avez pas pu faire de diagnostic, et proposez-lui de revenir. Notez-le dans votre courrier au médecin adresseur /référent.
  • La présence d’une tierce personne (aide, interne, stagiaire…) peut être rassurante pour certains, gênante pour d’autres. La proposer, mais ne pas l’imposer. 
  • Ces explications et cette demande d’accord doivent être faites avant tout déshabillage, avant que le patient ne soit allongé (situations d’infériorité).
  • Il n’est pas nécessaire que le patient se mette tout nu. Vous pouvez proposer aux patients de tout garder et uniquement dégager habit et le sous-vêtement lorsqu’il sera en position d’examen. Certains patients préfèrent enlever des habits pour être à l’aise, il est important de leur laisser le temps de se déshabiller. 
  • Il peut être utile d’examiner l’abdomen, les aires ganglionnaires inguinales, ce temps préalable à l’examen proctologique peut aider le patient à se détendre.
  • La position… genu-pectorale ou en décubitus latéral, en fonction bien sûr de vos habitudes mais également du patient. Certains patients préfèrent être en décubitus latéral, il ne faut pas hésiter à leur proposer si vous avez l’impression que la position genu-pectorale dont vous avez l’habitude les gêne. 
  • L’examen sera ensuite expliqué tout du long, dans les détails. A chaque étape, faites une pause et demandez l’accord pour passer au geste suivant. Vous pouvez par exemple dire : « je regarde l’extérieur », « j’écarte un peu pour bien voir l’extérieur de l’anus », « êtes-vous prêt pour que j’examine l’intérieur en mettant le doigt dans l’anus ? », « Puis-je introduire l’anuscope? »,  « regardez c’est ça un anuscope »…
  • Si vous voyez que le patient est mal à l’aise ou douloureux, vous pouvez par exemple demander : « est-ce que tout se passe bien ? Puis-je poursuivre l’examen ? » 
  • Des traumatismes passés peuvent expliquer des difficultés lors de l’examen. Ne pas insister, reprendre la discussion patient rhabillé, et proposer un nouveau rendez-vous. 
  • Une fois l’examen terminé, pensez bien à proposer aux patients de quoi s’essuyer, et lui laisser le temps de se rhabiller avant de poursuivre la consultation.
  • Par ailleurs, si vous avez un geste technique à faire, (par exemple une biopsie, une séance d’infrarouge…) il est important de bien l’expliquer au patient. N’hésitez pas à le faire se rasseoir et se couvrir pour qu’il puisse accueillir vos explications en face-à-face.

Ces petites attentions ne prennent pas forcément plus de temps et permettent au patient de se sentir à l’aise en consultation. Cela permet de respecter leur pudeur et de calmer leur appréhension, et vous garantit un examen qui se passe bien pour une bonne alliance thérapeutique. Bien sûr tout ceci est à moduler en fonction de votre pratique, votre relation aux patients et des attentes de ces derniers.

Bonne consultation !

Fiche rédigée en juillet 2022,
par le Comité de Rédaction du Site de la SNFCP, pour aider les praticiens dans la conduite d’un examen proctologique.