Radiofréquence

Principe

Les hémorroïdes deviennent pathologiques lorsqu’elles gonflent dans le canal anal jusqu’à parfois s’extérioriser. Elles sont alors comprimées par le sphincter anal, et deviennent inflammatoires, d’où des douleurs et des saignements. Les hémorroïdes sont des coussinets constitués de lacs artério-veineux. Ces coussinets sont irrigués par les artères hémorroïdaires, cibles de ce nouveau traitement chirurgical mini invasif de la maladie hémorroïdaire.

La radiofréquence consiste à chauffer les artères hémorroïdaires pour les scléroser, à l’aide d’une sonde métallique (Photo 1) introduite sous la muqueuse du bas rectum, dont l’extrémité est munie d’électrodes de microfibres qui émettent un courant d’ondes de radiofréquence, à basse température (sorte de micro-ondes). Elle traite les hémorroïdes internes uniquement, qui sortent ou qui saignent.

Elle est depuis longtemps utilisée dans d’autres indications en médecine, notamment pour le traitement des varices des jambes, des tumeurs du foie…

 


Photo 1 : sonde de radiofréquence (Dr Charlotte Favreau, Hôpital Bagatelle)

À qui s’adresse ce traitement ?

La radiofréquence est proposée à des patients présentant des hémorroïdes internes, de grade 2 ou 3, qui sortent et/ou qui saignent, éventuellement après échec d’un traitement instrumental fait en consultation (type ligatures élastiques, scléroses ou infra-rouges). Les hémorroïdes externes ne sont pas traitées par cette technique.

En pratique, que fait-on ?

Le traitement s’effectue sous une légère anesthésie générale, en ambulatoire (sur une demi-journée d’hospitalisation). Le patient est mis en position gynécologique. On repère les paquets hémorroïdaires internes après exposition par un écarteur ou un anuscope. Pour chaque paquet traité, successivement on procède comme suit : * injection de sérum physiologique ou de xylocaïne sous la muqueuse du bas rectum, * introduction de la sonde de radiofréquence au niveau de la ligne pectinée, dans le pédicule hémorroïdaire sur quelques centimètres, * délivrance du courant de radiofréquence pendant environ 10 secondes en retirant très progressivement la sonde, * tamponnage avec l’extrémité chaude de la sonde de la muqueuse rectale, * refroidissement à la compresse mouillée.

La procédure ne prend que 5 minutes au total.

Les suites de la radiofréquence des hémorroïdes sont-elles plus simples qu’après chirurgie classique ?

La procédure ne nécessitant pas de plaie muqueuse ou cutanée, la douleur est bien moins importante qu’après chirurgie de résection classique. Le plus souvent des antalgiques simples type paracétamol ou anti-inflammatoires suffisent à la calmer. Le patient peut reprendre le travail après quelques jours. L’efficacité est visible assez rapidement.

Quelle est l’efficacité de ce traitement ?

Cette technique est assez récente en proctologie, nous ne disposons pas à ce jour d’étude suffisamment fiable pour juger de l’efficacité à long terme. Toutefois, les résultats à court terme semblent très encourageants. En cas de récidive de la maladie hémorroïdaire, la radiofréquence sur les hémorroïdes n’empêche pas une éventuelle chirurgie classique si elle devait s’avérer nécessaire plus tard.

Quels sont les risques de la radiofréquence des hémorroïdes ?

Comme après toute chirurgie hémorroïdaire, des complications sont possibles, mais elles restent occasionnelles après cette technique. Outre les complications inhérentes à l’anesthésie, peuvent survenir :

  • Des saignements, le plus souvent peu importants, mais une hémorragie peut survenir dans les 3 semaines qui suivent l’opération, vous obligeant à être réhospitalisé(e) pour que l’on fasse un point sous anesthésie générale, c’est pourquoi il est vous est conseillé de rester à proximité d’une structure de soins pendant cette période. Le risque hémorragique est faible cependant ;
  • Un blocage pour uriner pendant quelques jours ;
  • De la fièvre ;
  • Les douleurs sont le plus souvent modérées et de courte durée, et bien soulagées par des médicaments classiques type paracétamol ou anti inflammatoires.

 

 

Dr Charlotte Favreau-Weltzer (Talence). Juin 2018