Définition
La constipation est définie par l’existence d’une fréquence de selles inférieure à trois par semaine et / ou par des selles dures et/ou des difficultés d’évacuation (plus d’une fois sur quatre ou plus de 25% du temps sur les 3 derniers mois)..
Pendant la grossesse, la prévalence de la constipation augmente, touchant près d’une femme sur trois. Elle peut être responsable d’un réel inconfort, voire de pathologies anales.
Facteurs de risque de la constipation lors de la grossesse
Les modifications hormonales survenant avec la grossesse expliquent en partie la constipation. La motricité intestinale est diminuée sous l’effet de l’imprégnation hormonale oestro-progestative, de l’augmentation de la relaxine et de la diminution de sécrétion de motiline.
Pendant le deuxième trimestre de la grossesse, l’absorption colique de l’eau est augmentée, expliquant un assèchement du bol fécal et davantage de difficultés de transit.
On peut également penser qu’en fin de grossesse la taille importante de l’utérus gravide entraîne des modifications dans le positionnement du colon et du rectum, pouvant gêner la progression des selles.
La relative sédentarité associée à cette période peut aussi intervenir.
Traitement
Avant tout il s’agit de prendre des mesures diététiques pour favoriser le transit. Les femmes enceintes présentant une constipation devront notamment augmenter la ration en fibres non digestibles dans leur alimentation, en consommant davantage de fruits et légumes, et surtout de céréales complètes…
Une bonne hydratation est de mise, et l’eau enrichie en magnésium peut aider.
Si malgré ces mesures le problème de constipation perdure, un traitement médicamenteux à base de laxatifs peut être mis en place. Comme tout traitement médicamenteux il est conseillé de le prendre sur avis médical, ou après délivrance éclairée par le pharmacien. Toutefois on peut se référer aux informations claires consultables sur le site du CRAT (Centre de Référence des Agents Tératogènes).
On peut y lire : « On préférera en cours de grossesse, soit un laxatif de lest type mucilage (sterculia, ispaghul, psyllium, gomme de guar), soit un laxatif osmotique (PolyEthylèneGlycol, lactulose, lactitol ou sorbitol).
L’utilisation ponctuelle d’un laxatif lubrifiant est possible (huile de paraffine dans les spécialités où elle n’est pas en association).
Si un laxatif stimulant doit être utilisé ponctuellement pour une constipation opiniâtre, on préférera le séné en cours de grossesse. »
Au moment de l’accouchement, il n’est pas rare que le transit s’interrompe quelques jours, entrainant un durcissement des selles. Ceci ajouté à la fragilisation des tissus du périnée après l’étirement qu’ils ont subie, est propice à la survenue d’une fissure anale ou d’une crise hémorroïdaire qui touchent environ 30% de femmes dans le post partum. Aussi peut-il être opportun de proposer un traitement laxatif pour encadrer le péri partum.
Bien souvent ces problèmes de constipation disparaitront dans l’année qui suit l’accouchement.
En savoir plus
Derbyshire EJ, Davies J, Detmar P. Changes in bowel function : pregnancy and the puerperium. Dig Dis Sci 2007;52:324-328 ;
Baron TH, Ramirez B, Richter JE. Gastrointestinal motility disorders during pregnancy. Ann Intern Med 1993;118:366-375
Dr Charlotte Favreau-Weltzer. Décembre 2020