De septembre 2023 à septembre 2024, des quiz cliniques illustrés auxquels il fallait répondre ont été mis en ligne.
En attendant l’édition 2025, retrouvez ci-dessous la réponse et l’explication du procto-quiz du mois de juillet 2024.

Procto Quiz – Juillet 2024
L’image du mois, quel est votre diagnostic ?

Un patient de 75 ans, en cours de traitement par radiothérapie pour un adénocarcinome de la prostate, est adressé pour une lésion de la marge anale évolutive depuis 6 mois (Figure 1). Il se plaint d’une gêne, de saignements et de suintements. Il n’a pas d’autres soucis de santé et ne prend aucun autre médicament. Quel est votre diagnostic ?
De quoi s’agit-il ?
- Un carcinome épidermoïde de la marge anale
- Un adénocarcinome de la marge anale
- Un mélanome de la marge anale
- Une métastase anale de son adénocarcinome de la prostate
- Un carcinome basocellulaire
Explications
Le mélanome, tumeur maligne généralement associée à l’exposition solaire, est rare au niveau anorectal. En effet, il représente 2 à 4 % des cancers à ce niveau. En outre, la localisation anorectale est certes au troisième rang après la peau et l’œil, mais elle représente moins de 5 % de la totalité des mélanomes malins. Les signes cliniques ne sont pas spécifiques avec une gêne, douleurs, saignement, suintements et sensation de tuméfaction, etc. À l’examen clinique, le diagnostic peut être suspecté en cas de lésion pigmentée, mais il y a 30 % de formes achromiques comme est le cas de notre patient. Les principaux diagnostics différentiels sont en effet la thrombose hémorroïdaire externe au vu de la localisation et l’aspect pigmenté, mais également le nævus, le carcinome basocellulaire et le carcinome épidermoïde. Le diagnostic formel repose sur l’histologie et l’immunohistochimie (PS100, HMB45, Melan A). Le traitement est si possible chirurgical avec l’éternel débat entre l’exérèse locale et l’amputation abdominopérinéale. Le pronostic est en effet péjoratif, en raison de l’extension ganglionnaire et métastatique rapide et fréquente dès lors que la lésion mesure plus de 3 mm de diamètre, ce qui est le plus souvent le cas pour les mélanomes anorectaux. La survie médiane des formes opérées est ainsi de 16 à 18 mois et la survie sans récidive à 5 ans de moins de 10 %. Ceci étant dit, plus récemment, les nouvelles thérapies ciblées (inhibiteurs de BRAF et de MEK) et l’immunothérapie (ipilimumab, pembrolizumab, nivolumab, etc.) ont clairement modifié la survie.
Remerciements au Dr Mathilde Wisnewski pour sa contribution dans ce cas clinique.
Référence : Fathallah N, de Parades Vincent. Une thrombose hémorroïdaire pas comme les autres. La Revue du Praticien 2024 ; 38 : 251.
Soutenu par A. Legrand