On vous a parlé de fistule anale à propos de situations qui peuvent vous paraitre très différentes : un abcès de l’anus qui est gonflé et douloureux, un abcès de l’anus qui s’est percé (soulagement immédiat !), un trou dans la peau à côté de l’anus qui coule de temps en temps. Effectivement tous ces différents évènements sont dus à la même cause : l’infection d’une glande anale qui a créé cette fistule.
Nous avons tous dans la paroi de notre sphincter anal une petite dizaine de glandes dont le rôle n’est pas connu (Figure 1). Ces glandes s’ouvrent par des orifices microscopiques dans la lumière du canal anal. Sans raison particulière, ces glandes peuvent s’infecter. Aucune cause n’explique l’infection de ces glandes, qui touche aussi bien la femme que l’homme, l’enfant que le vieillard…
Quoi qu’il en soit, une fois infectée, cette glande va se manifester. Tout d’abord, le pus s’accumule donnant douleurs et inflammation locale, c’est la phase d’abcès) (figures 2 et 3).
Puis l’abcès va grossir, diffuser et essayer de s’évacuer spontanément à la peau (Figures 4 et 5).
Le chemin qu’a pris le pus pour s’évacuer est la fistule, on dit que l’abcès s’est fistulisé à la peau. En général une fois évacué, l’abcès se calme. Mais la fistule persiste. Elle peut s’assécher et disparaitre pour une durée plus ou moins longue, ou rester ouverte et couler. C’est le stade de fistule chronique. En plus de ces écoulements, l’abcès peut récidiver de façon imprévisible.
Le trajet fistuleux n’a pas tendance à guérir spontanément. Les traitements médicaux comme les crèmes, pommades, antiseptiques locaux ou antibiotiques par voie générale ne sont pas efficaces.
A ce jour, seule la chirurgie peut guérir les fistules et ainsi empêcher la récidive d’un abcès anal. Vous voyez sur les dessins que la fistule traverse le sphincter anal pour aller s’ouvrir en surface (Figure 4). Cette chirurgie doit être efficace, mais aussi ne pas abimer le sphincter anal qui est traversé par la fistule. C’est là l’enjeu : guérir sans créer de troubles de la continence. Cet enjeu est surtout important pour les fistules profondes qui traversent une grande quantité de sphincter.
Différentes solutions chirurgicales ont été essayées. Les deux extrêmes étant d’un côté la mise à plat de toute la fistule qui guérit plus de 9 fois sur 10, mais peut abimer le sphincter, et de l’autre boucher la fistule qui respecte totalement le sphincter, mais est peu efficace sur la récidive de l’abcès (autour de 50% de récidives à court terme). Entre les deux, différentes stratégies sont employées : mise à plat en plusieurs temps, réparation du sphincter…
En résumé, de petites glandes qui peuvent s’infecter sans prévenir, et à tout âge, provoquant ainsi un abcès qui se transforme en fistule. Le traitement peut être complexe surtout si la fistule est profonde. Cela devient alors affaire de spécialiste.
Rédaction : François Pigot décembre 2021
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