Ligature des artères hémorroïdaires sous doppler

Principes de la ligature sous contrôle doppler des hémorroïdes

Les hémorroïdes deviennent pathologiques lorsqu’elles gonflent dans le canal anal jusqu’à parfois s’extérioriser. Elles sont alors étranglées par le sphincter anal, et deviennent inflammatoires d’où des douleurs et des saignements. Les hémorroïdes sont des coussinets constitués de lacs artério-veineux. Ces coussinets sont irrigués par les artères hémorroïdaires, cibles de ce nouveau traitement chirurgical mini invasif de la maladie hémorroïdaire.

Le signal doppler permet de repérer ces artères ou artérioles pour les ligaturer précisément et obtenir ainsi une diminution de l’arrivée du sang dans les coussinets hémorroïdaires.

Comment repérer et ligaturer les artères des hémorroïdes ?

Le traitement s’effectue sous une légère anesthésie générale, en ambulatoire (sur une demi-journée d’hospitalisation). Le patient est mis en position gynécologique. On utilise un appareil particulier qui permet à la fois de regarder l’aspect des hémorroïdes dans l’anus et de repérer le signal produit par le flux des artères (doppler) (figure 1).

Figure 1 : Matériel utilisé pour la ligature sous contrôle doppler des artères des hémorroïdes. L’appareil situé au premier plan est introduit dans l’anus : il permet de transmettre le signal doppler à l’appareil situé au second plan mais également de réaliser des ligatures.
  • La sonde doppler permet de repérer l’artère hémorroïdaire, à son contact elle émet un bruit pulsatile caractéristique.
  • Par la fenêtre située en regard, on réalise une ligature de cette artère par un fil résorbable (figure 2).
  • Les artérioles et artères sont ainsi traitées de manière circulaire sur l’ensemble du canal anal. On réalise en moyenne 5 à 6 ligatures (figure 3).
Figure 2 : L’extrémité de l’appareil positionné dans l’anus présente un fenêtrage latéral qui autorise la réalisation d’une suture au moyen d’un fil muni d’une aiguille courbe.
Figure 3 : Aspect observé lorsque l’appareil est introduit dans l’anus. Le fenêtrage latéral laisse bomber dans la lumière une partie du tissu qu’on souhaite ligaturer.

Les suites de la ligature sous contrôle doppler des hémorroïdes sont-elles plus simples qu’après chirurgie classique ?

Les ligatures étant réalisées au sein de la muqueuse rectale, elles ne sont pas trop douloureuses. Le patient peut reprendre le travail après quelques jours. Le traitement devient efficace au bout de 1 à 3 mois, parce qu’il faut laisser le temps nécessaire pour que l’effet de ligature des artères induise une diminution de la taille et de la fragilité des hémorroïdes. A une semaine de l’intervention, 76% des patients sont asymptomatiques, après un mois le taux de succès s’évalue à 82%.

Cette intervention est beaucoup moins douloureuse qu’une hémorroïdectomie classique, car elle n’engendre pas de plaie cutanée.

À qui doit-on réserver la ligature sous controle doppler des hémorroïdes ?

Le traitement est particulièrement efficace sur le saignement, il l’est moins sur le prolapsus (l’extériorisation des hémorroïdes). Ainsi, ce traitement s’adresse essentiellement aux hémorroïdes de grade 2 et 3, c’est à dire les hémorroïdes qui ne s’extériorisent qu’à la selle.

Ce traitement n’est pas efficace si elles sont extériorisées en permanence. Comme les autres traitements instrumentaux (ligatures, cryothérapie ou infrarouge), il est indiqué en cas d’échec du traitement médical.

La ligature des artères hémorroïdaires traite les hémorroïdes internes et ne concerne donc pas la maladie hémorroïdaire externe.

La ligature sous contrôle doppler des hémorroïdes est-elle vraiment efficace ?

Si les indications sont bien posées, les résultats immédiats sont favorables. Les résultats à long terme ne sont par contre pas connus. Ce traitement ne constitue pas une résection complète des hémorroïdes qui sont laissées en place, par conséquent, il y a toujours un risque de récidive de la maladie hémorroïdaire.

Quels sont les risques de la ligature sous contrôle doppler des hémorroïdes ?

Les incidents répertoriés sont rares. En dehors des risques inhérents à l’anesthésie, la technique elle-même peut induire, comme pour les autres techniques de chirurgie hémorroïdaire mini invasives :

  • Des saignements, généralement de faible abondance et spontanément résolutifs, mais pouvant nécessiter une reprise chirurgicale
  • De la fièvre
  • Une rétention urinaire
  • Des douleurs anales pendant quelques jours, qui répondent normalement aux antalgiques simples, équivalentes à celles observées après hémorroïdopexie de Longo

La ligature sous contrôle doppler des hémorroïdes est-elle une procédure remboursée par la Sécurite sociale ?

Actuellement, l’anuscope porteur de la sonde doppler est à usage unique mais il n’est pas pris en charge par la sécurité sociale, il est de ce fait à la charge du patient ou de la clinique si celle-ci accepte de le financer.

Dr. Anne-Laure TARRERIAS
Mis en ligne en mai 2007
Mise à jour Dr Charlotte FAVREAU-WELTZER, mai 2018