De septembre 2023 à septembre 2024, des quiz cliniques illustrés auxquels il fallait répondre ont été mis en ligne.
En attendant l’édition 2025, retrouvez ci-dessous la réponse et l’explication du procto-quiz du mois de février 2024.
Procto Quiz – Février 2024
L’image du mois, quel est votre diagnostic ?
Un patient de 25 ans, qui a été traité il y a deux ans de condylomes anaux, se plaint depuis deux semaines de douleurs anales avec émissions glairo-sanglantes. L’examen retrouve une rectite étendue ulcérée glaireuses ainsi que deux ulcérations profondes commissurales du canal anal. De quoi s’agit-il ?
De quoi s’agit-il ?
- Une maladie de Crohn
- Une syphilis ano-rectale
- Une primo-infection herpétique ano-rectale
- Une infection à Chlamydia ano-rectale anale
- Une gonococcie ano-rectale
Explications
L’infection à Chlamydia ano-rectale est une infection bactérienne sexuellement transmise fréquente. Le délai d’incubation varie de 2 à 60 jours. L’infection par Chlamydia trachomatis D à K donne une ano-rectite surtout congestive, parfois ulcérée. L’infection par les serovars L1, L2 et L3 est responsable de la « lymphogranulomatose vénérienne » (LGV) qui a été décrite en 1913 par Joseph Nicolas et Maurice Favre. Une épidémie de LGV sévit en en Occident depuis une dizaine d’années, notamment chez les hommes homosexuels infectés par le VIH.
L’évolution se fait classiquement en trois phases. Après un chancre initial, une ano-rectite survient une à deux semaines plus tard, associée à une ou plusieurs adénopathies inguinales inflammatoires évoluant vers la fistulisation cutanée. Les ulcérations ano-rectales sont volontiers creusantes « pseudo-crohniennes ». Le tableau clinique de notre patient évoque ce type d’atteinte « Crohn-like » qui peut d’ailleurs prêter à confusion dans certains cas. Puis, en l’absence de traitement, une sténose ano-rectale pseudo-tumorale se constitue progressivement avec de multiples fistules périnéales (syndrome de Jersild). Le tableau clinique associe douleur, émissions glairo-sanglantes et syndrome rectal (épreintes, ténesmes, faux besoins).
Le diagnostic repose sur un écouvillonnage avec une sonde multiplex permettant la recherche de nombreuses infections souvent concomitante par PCR. Le génotypage (L ou non-L) permet le diagnostic formel de LGV. Le traitement repose principalement sur la doxycycline 100 mg deux fois par jour pendant une semaine en cas d’infection à Chlamydia trachomatis D à K et qui doit être prolongé à trois semaines en cas de LGV. Il faut reconnaître que l’accès au résultat du génotypage est parfois long et au moindre doute d’une LGV, le traitement sera prolongé à 3 semaines sans preuve bactériologique.
Référence : Nadia Fathallah, Vincent de Parades. Atlas de Proctologie – Pathologies anales de l’adulte, 1ère édition. Paris : John Libbey 2021, 196 pages.
Soutenu par A. Legrand